Huit communes françaises – Bègles, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Mouans-Sartoux, Paris et Rennes – ont annoncé, dans un communiqué publié le 28 août, le retrait du thon des cantines scolaires. Objectif : protéger la santé des enfants et interpeller l’État sur les normes sanitaires encadrant la teneur en mercure de ce poisson.
Une décision face à l’inaction de l’État
Cette mobilisation des municipalités fait écho aux alertes répétées des ONG BLOOM, Foodwatch et Banlieues Climat, qui dénoncent un « simulacre » de réglementation. Alors que le thon figure parmi les espèces les plus contaminées au mercure, les seuils autorisés par la Commission européenne et les États membres demeurent beaucoup plus élevés que pour d’autres poissons.
En octobre 2024, une enquête avait révélé ces écarts de normes. Depuis, les ventes de thon sont en recul, tandis que Bruxelles consulte les États membres sur une éventuelle révision. Malgré une pétition réunissant près de 60 000 signatures, le gouvernement français a fait savoir qu’il n’avait aucune intention d’abaisser les seuils.
Les villes en première ligne
Face à ce refus, les huit communes affirment assumer une responsabilité que l’État ne prend pas. « Nous retirons le thon des menus tant que ce poisson pourra contenir des teneurs possiblement nocives pour la santé », soulignent-elles, appelant les ministères de la Santé et de l’Agriculture, ainsi que les parlementaires, à défendre une norme plus stricte au niveau européen.
Pression citoyenne et lobbying industriel
L’initiative municipale intervient alors que les industriels du secteur redoublent d’efforts pour défendre leurs parts de marché. La marque Petit Navire, leader français du thon, a lancé cet été une campagne publicitaire d’envergure, ciblant jeunes parents, étudiants et sportifs, sans avoir adopté de seuils plus protecteurs dans ses produits. Spots en salle, fresques dans le métro parisien, partenariats avec influenceurs, événements sportifs et festivals ont été mobilisés pour redorer son image.
Vers une révision européenne ?
ONG et élus locaux réclament désormais un alignement sur le seuil le plus protecteur existant pour les poissons : 0,3 mg/kg de mercure. Un signal politique fort, au moment où la Commission européenne consulte encore sur la révision de la norme.
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