Il fut un temps où l’on croyait que les pauvres d’esprit hériteraient du Royaume des cieux. Aujourd’hui, le spectacle politique national montre que ce sont surtout les pauvres d’esprit politiques qui, abandonnant toute conviction, s’accrochent à leurs privilèges, des privilèges dont ils savent trop bien qu’ils sont hors norme. Et ils s’y cramponnent avec une ferveur quasi religieuse, persuadés d’être les prophètes d’un peuple incapable de penser par lui-même. Nos élus nationaux s’imaginent toujours devoir “guider” les Français, comme Moïse menant son troupeau vers la Terre promise. Sauf que Moïse, lui, avait une boussole. Eux avancent à la solde de leurs calculs personnels, tout en cherchant à persuader que leurs électeurs sont à l’origine de leurs décisions égoïstes. Dans leur esprit brumeux, le citoyen serait trop limité pour comprendre l’économie, trop naïf pour saisir la complexité budgétaire, et trop distrait pour remarquer les gaspillages.
À force de se croire investis d’une mission divine, ces élus sont devenus pauvres d’esprit, mais riches de tout le reste : riches en privilèges, en notes de frais, en budgets dissimulés sous le manteau des “frais de représentation”, et surtout riches de cette certitude que rien ne se voit, que personne ne compte, que l’argent public n’a pas de visage. Et parfois, cette arrogance dépasse nos frontières. À l’exemple du président malgache Andry Rajoelina, persuadé que sa population n’était pas assez intelligente pour juger ses décisions, mais c’est bien lui, “le plus intelligent”, que l’on a vu être exfiltré par un avion militaire français. Comme quoi, l’intelligence autoproclamée finit souvent par demander une évacuation d’urgence. Nos pauvres d’esprit à nous n’ont pas encore eu besoin d’avion, mais ils en prennent le chemin. Ils dépensent, ils dilapident, ils voyagent, ils banquètent, persuadés qu’aucun électeur ne se rendra compte de leurs agissements...
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