L’association « 40 Millions d’automobilistes » tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : la somnolence au volant reste un danger massif sur nos routes. Dans un communiqué publié le 2 août 2025, l’organisation dévoile les résultats d’une expérience menée sur simulateur. Trois conducteurs volontaires, aux profils variés, ont été observés pendant six heures de conduite ininterrompue. Le constat est alarmant : à elle seule, Jade, 21 ans, a passé « 1h21 sans avoir les yeux sur la route, dont 18 minutes les yeux fermés à cause de la fatigue » selon Philippe Nozière, président de l’association.
L’objectif de cette mise en situation était clair : mesurer les effets de la fatigue sur la vigilance et les réflexes des automobilistes dans des conditions comparables à celles d’un long trajet estival. Grâce à des simulateurs Develter Innovation, équipés de la technologie d’eye tracking Tobii, les organisateurs ont pu scruter à la seconde près le comportement des conducteurs. Résultat : tous ont connu des phases d’errance visuelle, de micro-sommeil ou de perte de concentration.
« La fatigue est responsable de 30 % des accidents sur autoroute et 20 % sur les autres routes », rappelle Pierre Chasseray, délégué général de l’association. Pire : conduire après une nuit blanche revient à prendre le volant avec un taux d’alcoolémie de 0,9 g/L, ce qui est au-dessus des seuils légaux européens. Dans l’expérience, les données sont éloquentes : Philippe, 69 ans, a conduit pendant 3h31 avec moins d’une seconde de distance de sécurité avec le véhicule qui le précédait ; Pierre, 45 ans, a dévié de sa trajectoire à 434 reprises ; et Jade, en plus de ses 6580 clignements d’yeux, a regardé 6415 fois ses rétroviseurs et 3246 fois son tableau de bord, détournant son regard de la route pendant plus d’une heure cumulée.
L’initiative a pour ambition de « sensibiliser les automobilistes aux dangers de la fatigue au volant et les inciter à faire des pauses régulières », insiste le communiqué. L’association préconise de s’arrêter toutes les deux heures, et dès les premiers signes de fatigue : paupières lourdes, bâillements, difficultés à maintenir une trajectoire…
Mais cette démarche, bien qu’utile, suscite aussi des interrogations. En l’absence de campagnes nationales coordonnées ou de contrôles réels sur la somnolence au volant, les mesures de prévention reposent essentiellement sur la bonne volonté des conducteurs. Or, comme le fait remarquer un expert en sécurité routière indépendant : « sensibiliser, c’est bien, mais tant qu’on n’impose pas de pauses obligatoires sur les longs trajets professionnels ou touristiques, ou qu’on ne généralise pas les systèmes embarqués de détection de somnolence, rien ne changera vraiment ».
Reste que le reportage, disponible sur YouTube, documente avec précision les signaux d’alerte et démontre l’impact réel de la fatigue. Il rappelle aussi une évidence que trop d’usagers ignorent : sur l’autoroute, une seule seconde d’inattention peut suffire à transformer un trajet ordinaire en drame.
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