Abdalla a toujours voulu monter sa boîte et à 22 ans, il dirige déjà une société spécialisée dans la peinture et la rénovation de sols souples. Daud Chand a fui les persécutions et décidé de repartir à zéro à son arrivée en France il y a cinq ans ; à 57 ans, il est à la tête d’un food-truck dans lequel il propose des spécialités indo-pakistanaises.
Abdalla et Daud Chand, ces deux entrepreneurs de Créteil, ont tout et rien en commun. Rien si on s’arrête à leur pays d’origine, leur religion, leur âge. Tout, si on regarde la persévérance qu’ils ont eu à croire en leur projet, à chercher des solutions, malgré la réticence de leur entourage et le refus des banques. Comme des milliers d’autres créateurs d’entreprise, l’Adie les a financés et accompagnés et nous avons décidé de les récompenser cette année en faisant d’eux, aux côtés de Catherine, gérante d’un bar-tabac et de Marie-Christine, couturière, les lauréats des prix Créadie en Île-de-France.
Oui, soutenir ces travailleurs indépendants est essentiel aujourd’hui. De plus en plus de Franciliennes et de Franciliens font le choix d’un métier passion et de l’indépendance pour l’assouvir. Ce choix de la création d’entreprise désiré, nous nous en félicitions car il permet d’offrir à chacune et chacun une voie d’insertion sociale et économique et de favoriser le développement économique territorial là où il est nécessaire.
Et pourtant, tout aussi aberrant que cela puisse paraitre, tant d’initiatives sont larvées, voire empêchées ! Les quartiers populaires, les zones rurales en Île-de-France bouillonnent de dynamisme et d’envie d’entreprendre. Ils sont 7 jeunes sur 10 à déclarer vouloir entreprendre. Or seulement 14% des entrepreneurs ont moins de 30 ans*. Les femmes sont autant tentées par l’entrepreneuriat que les hommes mais elles ne représentent que 35% des créateurs d’entreprise. Et si 4 français sur 10 veulent se reconvertir, seul 1 sur 10 passe finalement à l’acte.
Pourquoi ces paradoxes si les besoins et les envies sont là ? Les freins principaux auxquels sont confrontés ces potentiels entrepreneurs sont l’accès au financement et l’appréhension de la complexité des démarches administratives. Et pourtant des solutions existent ! Ces blocages renvoient trop souvent à une forme de déterminisme social contre lequel nous nous devons de lutter.
« La barrière la plus immuable de la nature se situe entre les pensées d'un homme et celle d'un autre » écrivait William James, un philosophe américain de la seconde moitié du XIX siècle.
Il y a urgence à se mobiliser et à lever ces barrières. Le travail indépendant doit prendre toute sa place comme mode d’insertion par l’activité économique, à égalité avec le salariat. Les pouvoirs publics doivent aussi favoriser l’accès au capital, élément essentiel de notre démocratie économique. Enfin les systèmes de protection doivent évoluer pour que les indépendants puissent bénéficier des mêmes couvertures et des mêmes droits que les salariés.
Il est temps de libérer les possibilités et de permettre à tous les talents de s’exprimer en Île-de-France. La région est si riche en créativité !
Grégoire Héaulme
Directeur Adie Île-de-France / Centre Val de Loire
* Étude réalisée par l’Adie avec l’institut Appinio auprès de 1500 jeunes de moins de 30 ans en avril 2023
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