Les radars font partie du quotidien des automobilistes français. Installés par milliers le long des routes, ils constituent un outil majeur de sécurité… mais aussi une importante source de recettes pour l’État. Pourtant, leur utilisation financière reste floue, au point de provoquer de plus en plus de critiques venant d’associations et d’usagers.
Cette année, les radars fixes ont rapporté 889 millions d’euros, contre 965 millions l’an dernier, soit une baisse d’environ 10 %. Une chute largement liée aux actes de vandalisme survenus lors des manifestations agricoles récentes : plusieurs cabines ont été détruites ou neutralisées, amoindrissant temporairement leur efficacité.
En additionnant les amendes liées aux radars et celles concernant le stationnement, les recettes totales franchiront cette année la barre des 2 milliards d’euros. Une somme considérable, dont l’utilisation suscite une forte attente citoyenne.
Selon l’administration, “environ 60 % des recettes financent des actions de sécurité routière”, notamment l’entretien des routes, la modernisation des transports en commun ou encore des campagnes de prévention. Les 40 % restants sont affectés au désendettement de l’État ainsi qu’à d’autres dépenses moins identifiables, des “dépenses difficilement visibles”.
Plusieurs organisations jugent cette répartition insuffisamment transparente. Une association dénonce “On nous demande d’être ultra transparents, de tout déclarer, de tracer nos propres dépenses. Ce serait bien que l’État fasse pareil et qu’on sache véritablement où va l’argent de la répression routière”.
Pour ces collectifs, il s’agit non seulement d’un enjeu démocratique, mais aussi d’efficacité. Elles estiment que si l’État investissait davantage dans la prévention, l’aménagement routier ou l’éducation, les bénéfices en matière de sécurité, mais aussi économiques, seraient considérables. “La facture de l’insécurité routière atteint 52 milliards d’euros par an. Nous cherchons 40 milliards d’économies dans le budget 2026… Elles sont là”, affirme encore un représentatnt d'une association.
Les recettes pourraient augmenter l’an prochain. Car de nouveaux appareils seront mis en service et les maires auront bientôt la possibilité d’installer leurs propres radars, une mesure qui pourrait changer la gestion locale de la sécurité routière.
Dans un contexte où la question du pouvoir d’achat et de la transparence publique occupe une place centrale, la manière dont l’État explique — ou n’explique pas — l’usage de ces fonds pourrait devenir un point de crispation durable entre associations, automobilistes et pouvoirs publics.
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