L’industrie française traverse une crise sans précédent. Ce 22 janvier 2025, la CGT a mobilisé 1000 salarié·es devant le ministère de l’Industrie pour dénoncer les conséquences dramatiques des 300 plans de licenciements recensés depuis septembre 2023.
Selon le communiqué, « ces suppressions d’emplois dans des secteurs clés, tels que la métallurgie, le commerce ou encore la chimie, impactent entre 128 250 et 200 330 emplois, incluant les emplois indirects et induits ».
Depuis plusieurs années, la CGT tire la sonnette d’alarme face à une désindustrialisation galopante, aggravée par des choix politiques et économiques jugés défaillants. « L’État ne joue pas son rôle de garant et continue d’injecter des milliards d’euros aux entreprises sans contrepartie, favorisant ainsi les délocalisations et la fermeture d’usines », dénonce le communiqué. En effet, en juillet 2023, la Cour des comptes estimait à 260,4 milliards d’euros le soutien financier apporté aux entreprises, un chiffre colossal qui n’a pas empêché ces vagues de licenciements.
Les propositions de la CGT : une refonte nécessaire
Face à ce constat, la CGT appelle à une refonte complète de la politique industrielle en France et propose des mesures ambitieuses pour inverser la tendance. Parmi celles-ci figurent :
1. Un moratoire sur les licenciements : La CGT souhaite étendre la loi Florange en abaissant son seuil d’application aux entreprises de plus de 50 salarié·es et en imposant des obligations strictes de recherche de repreneur.
2. La préemption des terrains industriels et une utilisation ciblée de la nationalisation : Des exemples concrets comme Chapelle Darblay et les Chantiers de l’Atlantique montrent que l’intervention publique peut sauver des secteurs stratégiques.
3. Encadrement des relations sous-traitants/donneurs d’ordre : Une proposition de loi, issue des travaux d’ex-salarié·es de GM&S, vise à responsabiliser les grandes entreprises en cas de licenciements impactant fortement les territoires.
4. Prévention des licenciements économiques : Parmi les mesures phares, la CGT propose d’interdire les licenciements dans les entreprises qui versent des dividendes et de supprimer certains outils facilitant les suppressions de postes, tels que les accords de performance collective.
« La politique menée depuis plusieurs années, axée sur l’attractivité pour les investisseurs étrangers, a conduit à des délocalisations massives, des pertes de savoir-faire et un désastre social », souligne la CGT. Les secteurs les plus touchés, comme la métallurgie et le commerce, enregistrent à eux seuls plus de 23 000 suppressions d’emplois directs, laissant des territoires entiers en difficulté.
Un appel à la mobilisation
Pour la CGT, l’urgence est de rétablir la souveraineté industrielle française et de protéger les salarié·es. « L’État doit agir en garant de l’avenir industriel en utilisant tous les leviers à sa disposition », insiste le communiqué. La mobilisation du 22 janvier pourrait marquer le début d’un vaste mouvement social visant à redéfinir le modèle économique français.
Alors que les plans de licenciements s’accumulent, les propositions de la CGT offrent des pistes pour reconstruire une industrie française forte et respectueuse de ses salarié·es. Reste à savoir si elles trouveront un écho auprès du gouvernement et des décideurs politiques.
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