L’échec du « conclave » sur les retraites fait réagir l’opposition. Dans un communiqué publié mardi 24 juin, le Parti socialiste dénonce une « trahison » de la part du Premier ministre François Bayrou et annonce le dépôt d’une motion de censure contre son gouvernement.
« Nous constatons avec regret l’échec du conclave sur les retraites », déclare le Parti socialiste dans ce texte, attribuant cette impasse à « l’intransigeance des organisations patronales, en particulier du MEDEF » et saluant, en revanche, « l’engagement des organisations syndicales » qui auraient fait preuve, selon lui, d’un réel sens du compromis.
Mais c’est surtout la posture de François Bayrou qui concentre les critiques des socialistes. « Cet échec est aussi la conséquence des différentes déclarations du Premier ministre François BAYROU qui sont venues saboter les travaux du conclave et contredire sa propre parole », déplore le communiqué.
Le Parti socialiste rappelle que, lors de sa déclaration de politique générale du 14 janvier, François Bayrou avait promis que les partenaires sociaux pourraient débattre de tous les sujets « sans aucun totem ni tabou – pas même l’âge de la retraite ». Pourtant, dès le 18 mars, devant l’Assemblée nationale, il affirmait qu’un retour à la retraite à 62 ans n’était « pas possible ». Une contradiction que les socialistes estiment irréconciliable.
Pire encore, selon eux, le Premier ministre aurait renié sa promesse de laisser au Parlement le dernier mot. « Le 17 juin, lors des questions d’actualité, le Premier ministre a indiqué que “sans accord, c’est la réforme Borne qui s’appliquera”, alors qu’il s’était publiquement et à maintes reprises engagé […] à ce que le Parlement puisse avoir en tout état de cause le “dernier mot” », insiste le communiqué.
Interrogé par Boris Vallaud ce mardi, François Bayrou aurait confirmé qu’il ne permettrait pas au Parlement de débattre pleinement de la réforme, et en particulier de la mesure d’âge. « Ces propos constituent une trahison majeure de ses nombreux engagements », dénonce encore le texte. Et de conclure : « Le respect de la parole donnée étant un fondement de notre démocratie, c’est une nouvelle trahison des représentants de la Nation et à travers eux des travailleuses et travailleurs qui sont les premières victimes de cet impôt sur la vie qu’est le recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans. »
En réponse, le groupe socialiste et ses apparentés ont décidé de passer à l’action parlementaire : « C’est pourquoi les député-es socialistes et apparentés déposent et voteront une motion de censure contre le gouvernement de François BAYROU », peut-on lire dans ce communiqué.
Contacté par nos soins, Matignon n’avait pas encore réagi à cette annonce. Toutefois, une source proche du Premier ministre évoque un « acte purement politique » qui « instrumentalise une négociation sociale encore inachevée ». Le gouvernement, de son côté, reste déterminé à faire appliquer la réforme votée en 2023, rappelant qu’elle « garantit la pérennité de notre système de retraite ».
Le débat parlementaire s’annonce houleux.
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