Depuis mardi, l’ONG Disclose publie une enquête en trois volets sur les pratiques du géant du sport Decathlon. L’émission Cash Investigation a enfoncé le clou avec un reportage sur la famille Mulliez, actionnaire majoritaire de l’enseigne. L’affaire prend de l’ampleur et relance le débat sur les pratiques des multinationales du textile.
«Exploitation des ouvrier·e·s, travail des enfants, recours au travail forcé de la minorité ouïghoure, déforestation… rien ne semble manquer à la liste des mauvaises pratiques de l’enseigne.» Derrière son image d’entreprise populaire, qui se targue de rendre le sport accessible au plus grand nombre, Decathlon est accusée d’exercer une pression sur ses sous-traitants, entraînant des conditions de travail précaires et une production massive répondant aux principes de la fast-fashion.
Avec un magasin ouvrant «tous les 4 jours» dans le monde, Decathlon s’est imposée comme un acteur incontournable du marché du sport, affichant un chiffre d’affaires de 15,6 milliards d’euros en 2023, soit le double d’il y a dix ans. Mais cette réussite économique se ferait au détriment des travailleurs et de l’environnement, selon les organisations mobilisées.
La pression sur la chaîne de production dénoncée
Les accusations ne viennent pas seulement de l’étranger. En France, certaines voix internes s’élèvent également : «Alors qu’en France, des employé·e·s dénoncent la priorité donnée aux actionnaires au détriment des conditions de travail et de production, au Bangladesh, les organisations s’organisent contre la complicité de la marque dans la répression des mouvements ouvriers. 5000 personnes produisant pour Décathlon sont aujourd’hui menacé·e·s de prison.»
Les ONG pointent également du doigt l’impunité des géants du textile face aux normes sociales et environnementales. «Il ne faut pas être naïf, quand autant de vêtements sont vendus à des coûts aussi dérisoires, il y a forcément exploitation des personnes et de l’environnement derrière. Comme beaucoup d’autres, Decathlon participe aux ravages de la fast-fashion et profite de l’impunité du secteur en matières de règles sociales et environnementales.»
Une loi en attente et une mobilisation qui se renforce
Face à ces révélations, plusieurs organisations demandent l’accélération des discussions autour de la loi française sur la fast-fashion, déjà votée en première lecture à l’Assemblée nationale le 14 mars 2024. «Nous demandons en urgence la programmation au Sénat de la loi française sur la fast-fashion. Nos organisations s’opposent plus que jamais au détricotage du Green Deal européen annoncé par Ursula Von der Leyen et restent mobilisées pour le maintien de la directive sur le devoir de vigilance.»
Si Decathlon reste pour l’instant silencieuse face à ces accusations, la pression médiatique et institutionnelle pourrait bien contraindre l’entreprise à revoir ses pratiques.
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