Alors que le climat des affaires reste morose en ce début d’année, le Baromètre National des Entreprises (BNE), publié par le Conseil National des Greffiers des Tribunaux de Commerce (CNGTC), révèle des signaux économiques contradictoires : d’un côté, une explosion des radiations d’entreprises ; de l’autre, une légère reprise des créations.
Selon le baromètre, 168?353 entreprises ont été radiées entre janvier et mars 2025, soit une hausse vertigineuse de 118,7 % par rapport au premier trimestre 2024. “Ce chiffre traduit un phénomène conjoncturel aggravé par les incertitudes post-dissolution annoncée en juin 2024, mais aussi des facteurs structurels liés à la résolution de procédures restées bloquées sur la plateforme Guichet Unique”, explique le CNGTC dans son communiqué. Toujours selon le Conseil, 51 % des radiations font suite à des procédures collectives, elles-mêmes en hausse de 269 % en un an, un chiffre jugé “révélateur d’un tissu entrepreneurial fragilisé”.
À rebours de cette dynamique, une reprise timide des créations d’entreprises est notée, avec une hausse de 5,1 %, particulièrement marquée dans le secteur de l’information et de la communication (+22,7 %). En revanche, l’assurance et la finance accusent un net recul des immatriculations de 21 %.
“Le nombre de procédures collectives continue d’augmenter (+4,2 %), mais de manière moins soutenue qu’en 2024”, nuance le baromètre. À noter également une amélioration dans l’immobilier, où le nombre d’entreprises en difficulté recule de 22,1 %.
Autre fait marquant, les dispositifs de prévention des difficultés semblent gagner du terrain. Selon le CNGTC, “le nombre de dossiers effectivement analysés progresse de 14 %, atteignant 4 389 dossiers, dont 832 émanent de demandes spontanées de chefs d’entreprise”. Une tendance interprétée comme un signe d’anticipation plus forte des dirigeants face aux risques, alors même que le nombre total de dossiers détectés baisse de 15 %.
Si le baromètre se veut factuel, certains économistes s’interrogent sur la véritable portée de ces chiffres. “L’augmentation des radiations, même expliquée par des régularisations techniques, reste inquiétante pour la vitalité du tissu entrepreneurial”, estime un analyste indépendant. D’autres rappellent que la hausse des créations reste modeste par rapport aux radiations, suggérant un solde net négatif préoccupant pour l’économie française.
Enfin, plusieurs voix du monde patronal regrettent l’absence de mesures structurelles face aux fragilités révélées. “Les signaux envoyés par l’État restent flous, et les entreprises manquent de lisibilité pour s’engager”, confie un représentant d’un syndicat de PME.
Memento.Paris
à partir de 3,00 € par mois
pour un accès intégral au site et à nos services
0 COMMENTAIRE(S)