Le recul des obligations réglementaires en matière de reporting extra-financier ne signifie pas la fin des enjeux de durabilité pour les petites et moyennes entreprises. Bien au contraire. Alors que l’Union européenne a choisi de simplifier le cadre administratif du reporting ESG, les risques climatiques, économiques et réputationnels continuent de peser sur l’activité des PME, les incitant à structurer leur démarche de manière volontaire.
Selon l’analyse du groupe de travail Rapport Durabilité de Walter France, l’année 2025 marque un tournant important. La Commission européenne a confirmé le report du calendrier de la CSRD, relevé les seuils d’application obligatoire et acté le lancement de la norme volontaire VSME. Cette évolution vise à “simplifier pour permettre à chacun d’agir à son échelle”, tout en maintenant les objectifs environnementaux de long terme. La directive dite Content, adoptée définitivement le 16 décembre 2025, a ainsi confirmé la réduction du champ d’application obligatoire de la CSRD.
Cette évolution pourrait donner l’illusion que la durabilité devient un sujet secondaire pour les PME. Pourtant, selon le groupe de travail, “la réduction des obligations administratives ne s’accompagne pas d’une réduction des risques”. Les effets du changement climatique se traduisent déjà par des perturbations des chaînes d’approvisionnement, une hausse des coûts énergétiques, des tensions sur les ressources naturelles ou encore des interruptions d’activité liées aux événements extrêmes. Autant de facteurs qui affectent directement la performance et la pérennité des entreprises.
Pour les PME, intégrer des pratiques durables répond avant tout à un impératif économique. Selon les experts, agir dès maintenant permet “d’anticiper les risques, mais aussi d’identifier des opportunités de réduction de coûts, d’optimisation énergétique et d’amélioration de l’efficacité opérationnelle”. Les démarches engagées conduisent souvent à une meilleure maîtrise des consommations, à une diminution des déchets et à un pilotage plus précis des achats, avec un impact positif sur les marges.
La durabilité constitue également un levier de compétitivité. Clients, partenaires publics et privés, mais aussi salariés, accordent une importance croissante à l’engagement des entreprises. Selon le groupe de travail, les organisations capables de démontrer concrètement leurs actions gagnent en crédibilité, améliorent leur attractivité et facilitent l’accès à certains financements, les critères ESG étant désormais intégrés dans de nombreuses analyses de risque bancaire et financier.
Certains secteurs apparaissent particulièrement exposés. Selon l’analyse présentée, l’agriculture, l’agroalimentaire, l’industrie ainsi que le bâtiment et l’immobilier subissent déjà de plein fouet les conséquences du changement climatique. Dans l’agriculture et l’agroalimentaire, la variabilité des précipitations et la multiplication des événements extrêmes entraînent une baisse des rendements et une hausse des coûts. La viticulture, dont la production est très sensible aux conditions climatiques, figure parmi les secteurs les plus vulnérables. L’industrie est confrontée à des ruptures d’approvisionnement et à la volatilité des prix de l’énergie, tandis que le bâtiment doit faire face à l’augmentation des coûts d’entretien, d’assurance et à l’obsolescence accélérée des bâtiments non adaptés.
Dans ce contexte, les entreprises sont appelées à adopter une approche proactive. Selon les auteurs, “l’analyse des impacts climatiques, l’identification précise des risques et la mise en place d’un plan d’actions” permettent de mieux gérer les aléas environnementaux et de saisir de nouvelles opportunités, qu’il s’agisse de maîtriser les coûts, de valoriser l’image de l’entreprise ou d’anticiper les évolutions réglementaires.
Le rapport de durabilité volontaire apparaît alors comme un outil central. Fondé sur la norme VSME publiée par la Commission européenne, il offre un cadre simplifié permettant aux PME de répondre aux attentes croissantes de leur chaîne de valeur. Selon le groupe de travail, ce rapport vise à “communiquer de façon claire, structurée et fiable” sur les enjeux, les impacts et les actions mises en œuvre, sans la lourdeur des standards obligatoires.
Le VSME se concentre sur un nombre limité d’indicateurs clés, autour des émissions de gaz à effet de serre, des conditions de travail et de la lutte contre la corruption. Ce recentrage permet aux PME de formaliser leur démarche, d’identifier leurs priorités et de définir une feuille de route réaliste. Le rapport devient ainsi à la fois un outil de pilotage interne et un support de communication externe.
Pour Aurore Coillard-Damiani, responsable du groupe de travail, “la durabilité est bien plus qu’une tendance, c’est un levier stratégique essentiel pour assurer la pérennité financière des entreprises”. Selon sa déclaration, intégrer des pratiques durables permet de mieux anticiper les risques environnementaux et sociaux, de renforcer la transparence et d’améliorer l’image de marque, tout en facilitant l’accès aux financements et l’attractivité des talents.
Dans un environnement économique et climatique en profonde mutation, les PME qui choisissent de s’engager volontairement dans une démarche de durabilité se dotent ainsi d’un véritable outil de résilience et de compétitivité à long terme.
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