La publication du décret relatif à l’application de la loi sur la profession infirmière suscite une vive réaction de la part de la Fédération FO des personnels des services publics et des services de santé. Dans un communiqué diffusé le 29 décembre, le syndicat estime que le texte est loin de répondre aux attentes des professionnels et alerte sur les risques d’une réforme jugée incomplète et déconnectée des réalités du terrain.
La fédération indique réagir à la publication du décret du 24 décembre relatif à l’application de la loi promulguée en juin dernier, estimant que “contrairement aux déclarations gouvernementales et aux annonces relayées dans la presse, il n’y a pas de cadeau de Noël pour la profession infirmière”, selon la déclaration de la Fédération FO-SPSS.
Sur le fond, FO reconnaît que le décret affirme certains principes, notamment l’autonomie clinique infirmière, la légitimation de la consultation infirmière ou encore la sécurisation des diagnostics et prescriptions. Toutefois, le syndicat considère que “la réalité du terrain est tout autre”, pointant de nombreuses inquiétudes quant à la mise en œuvre concrète de ces nouvelles dispositions, selon le communiqué reçu par le Mémento.
La fédération s’interroge ainsi sur la capacité du système à absorber un élargissement des compétences alors que les infirmières exercent “en sous-effectifs chroniques, sous pression permanente”, sans moyens supplémentaires ni perspectives claires d’organisation. Elle questionne également la sécurité des diagnostics et prescriptions dans un contexte marqué par “le manque de temps, la surcharge de travail et des formations insuffisantes”, notamment en psychiatrie, en gériatrie et en pédiatrie.
FO dénonce par ailleurs ce qu’elle qualifie de régularisation de glissements de tâches existants, estimant que l’alignement du cadre juridique vise avant tout à pallier la pénurie médicale plutôt qu’à améliorer réellement les conditions d’exercice. Le syndicat rappelle que ces préoccupations avaient déjà été exprimées lors des consultations préalables au décret, “sans que des réponses concrètes et garanties n’aient été apportées à ce jour”.
Sur le plan social, la fédération souligne que les négociations salariales prévues par la loi infirmière n’ont toujours pas été ouvertes et que le contenu de l’arrêté définissant le champ des prescriptions infirmières reste inconnu. Elle affirme que “l’élargissement des responsabilités ne peut en aucun cas se faire sans augmentation des rémunérations”.
FO s’inquiète également de l’absence de mesures concernant la formation et la mise à niveau des quelque 620 000 infirmières actuellement en activité, relevant que seules les futures promotions bénéficieront de la réforme des formations. Sans ouverture de places supplémentaires en institut de formation et sans plan massif de recrutement, “aucune amélioration des conditions de travail ne sera possible”.
Enfin, la fédération estime que le texte constitue “un rendez-vous raté” pour la psychiatrie et la pédiatrie, regrettant l’absence de réponses concrètes alors même que la santé mentale est affichée comme une priorité gouvernementale. Elle appelle à la plus grande prudence et exige des réponses claires avant l’entrée en vigueur du décret, prévue au plus tard le 30 juin 2026.
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