Depuis sa création en 2008, le régime de l’auto-entrepreneuriat s’est imposé comme un moteur puissant de la création d’entreprises en France. Simple, accessible et adapté à une large variété de profils, il constitue un véritable tremplin pour ceux qui souhaitent entreprendre sans subir un carcan administratif trop lourd. Pourtant, ce régime, qui a su prouver son efficacité au fil des ans, est régulièrement menacé par des tentatives de restrictions. La dernière en date concerne un projet visant à rabaisser les seuils d’exonération de TVA, une décision qui suscite une vive opposition parmi les défenseurs de l’entrepreneuriat.
Un modèle qui a fait ses preuves
Le succès du régime d’auto-entrepreneur ne se dément pas. En 2024, la France a enregistré 1,1 million de créations d’entreprises, dont 64,5 % sous le statut d’auto-entrepreneur, soit 716 194 nouvelles activités. Ce modèle attire un public varié : étudiants souhaitant compléter leurs revenus, salariés testant un projet avant de se lancer pleinement, retraités valorisant leur expertise ou encore artisans indépendants. Ce dynamisme entrepreneurial se traduit par un chiffre d’affaires annuel global de près de 30 milliards d’euros, preuve de la vitalité économique qu’il génère.
Ce régime a été conçu pour s’adapter aux « phobiques administratifs », ces entrepreneurs en herbe rebutés par la complexité des démarches traditionnelles. Il offre une franchise de TVA, ce qui permet aux auto-entrepreneurs de ne pas facturer cette taxe en dessous d’un seuil de 37 500 euros pour les prestations de services et de 85 000 euros pour les activités de négoce. Ce mécanisme simplificateur a favorisé un essor spectaculaire du nombre d’auto-entrepreneurs et a largement contribué à dynamiser l’économie locale et nationale.
Une menace récurrente : la réduction des seuils
Malgré son succès, le régime d’auto-entrepreneur est régulièrement la cible de tentatives de restriction. L’une des propositions les plus récentes vise à rabaisser les seuils d’exonération de TVA à 25 000 euros, une initiative qui suscite une levée de boucliers chez les experts du secteur. Selon Pascal Ferron, président de Walter France et fondateur du site MonEntrepriZ, cette mesure s’inscrit dans une logique typiquement française de « destruction de ce qui fonctionne ».
L’argument principal avancé en faveur de cette baisse repose sur l’idée que l’État pourrait engranger jusqu’à 400 millions d’euros de recettes fiscales supplémentaires grâce à l’application de la TVA aux auto-entrepreneurs dépassant ce nouveau seuil. Mais cet argument ne tient pas face à la réalité économique : une grande partie des auto-entrepreneurs concernés pourraient volontairement limiter leur chiffre d’affaires pour rester sous le seuil, tandis que d’autres risqueraient de revenir vers le travail non déclaré. « Un entrepreneur, ça s’adapte ! », souligne Pascal Ferron, dénonçant une fausse bonne idée qui risquerait de pénaliser la dynamique entrepreneuriale.
Par ailleurs, cette mesure est dérisoire au regard des besoins financiers de l’État, dont le déficit atteint 170 milliards d’euros. Plutôt que de fragiliser l’auto-entrepreneuriat, il serait plus pertinent de favoriser l’innovation, la création et l’audace entrepreneuriale.
Une concurrence déloyale ? Un faux débat
Un autre argument avancé pour justifier la réduction des seuils est celui de la concurrence que représenteraient les auto-entrepreneurs vis-à-vis des artisans soumis à la TVA. Pourtant, cette vision ignore les réalités du terrain. Un jardinier auto-entrepreneur, par exemple, prendra en charge de petits travaux, tandis qu’une entreprise pourra gérer des chantiers plus conséquents. De plus, un auto-entrepreneur ne peut pas embaucher : son développement naturel le conduit à basculer vers un autre statut dès qu’il a besoin d’investir ou de recruter.
Plutôt que de chercher à freiner les auto-entrepreneurs, il conviendrait de les accompagner et de faciliter leur transition vers un statut plus structuré lorsque leur activité le permet.
La priorité : encourager l’entrepreneuriat
Dans un contexte économique incertain, l’auto-entrepreneuriat représente une solution accessible et efficace pour ceux qui souhaitent se lancer. Le succès de ce régime prouve qu’il répond à un besoin réel et constitue un véritable levier de croissance et de dynamisme économique. Face aux velléités de restriction, Pascal Ferron rappelle que « le rabaissement des seuils a été suspendu, mais pas annulé », appelant à une mobilisation pour que cette « mauvaise idée contre-productive » ne refasse pas surface.
La France doit faire un choix clair : favoriser et encourager la création d’entreprises plutôt que d’imposer de nouvelles contraintes bureaucratiques. À l’heure où l’entrepreneuriat séduit de plus en plus de Français, toute tentative de freiner cet élan reviendrait à se tirer une balle dans le pied.
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